mardi 31 octobre 2023

Automne

 



Automne à pas lents sous mon crayon de bois

Automne sceau frappé sur la feuille

Page blanche jonchée de faînes.

Sous les fougères,

Une odeur de vieille maison.

Des girolles en bonnet de nuit

Soufflent la chandelle

Et le chagrin sans amant

Du gel se languit

Tandis que la pluie ruisselle.

 

Octobre 2023


jeudi 26 octobre 2023

Une plus belle humanité

 



            Quelques jours déjà que les vacances scolaires sont commencées. La dernière semaine fut éprouvante pour les enseignants et les élèves. J’ai hésité à en parler à la datcha. Il n’y avait pas de mots pour dire mon désarroi, ma tristesse. Et tant de témoignages ont été diffusés. Ces profs souvent méprisés ou ignorés, quand ils ne sont pas jalousés – ils ont tant de vacances !  – ont ces jours-ci suscité l’empathie. Faisons-nous le plus beau métier du monde ?  Lieu commun si passe-partout. Les pompiers, les soignants, les paysans font aussi le plus beau métier du monde. Et chacun pourrait se prétendre être en haut du podium. Parce que la vie en société est un maillage de gestes essentiels, nécessaires jusque dans leur discrétion ou leur supposée futilité. N’est-il pas beau de voir un boulanger sortir sa fournée ? Un guide touristique exposer les splendeurs d’une cathédrale ou d’un château ? Un animateur entraîner des résidents de maisons de retraite à la gymnastique ou au yoga ? Toutefois, en ce lundi 16 octobre dernier, durant la minute de silence qui fut, dans la cour de mon collège, un unanime élan de cœur, nos élèves étaient ces maillons indispensables d’une chaîne de solidarité et de respect qui contribuent à la plus belle humanité. Nous autres adultes, parents, enseignants, éducateurs, prêtres, imams, rabbins, hommes politiques, écrivains, scénaristes, chanteurs, champions sportifs, tous, nous avons notre responsabilité à mener auprès de nos jeunes.  Pour que germe un monde plus juste, plus tolérant, plus serein.

            La nature d’automne qui se met en dormance délivre ses dernières couleurs ambrées, se recroqueville dans ses brumes matinales et déploie ses parfums d’humus. Ses ciels gris sont fouettés de zébrures, ses nuages caracolent et livrent encore des trouées de bleu. Dans les jardins, les asters s’alanguissent sous la pluie. Les feuilles mortes occupent les trottoirs. La nature, mieux que d’illusoires et agressifs décors d’Halloween, nous ramène à la fragilité de la vie. Et elle nous donne une magistrale leçon d’Espérance parce que la terre qui s’endort porte en elle la promesse d’une renaissance.


vendredi 13 octobre 2023

Entendre un oiseau

 


                                                                        Source: Internet


                Ici ce sont des enfants qui jouent insouciants dans un jardin en ce week-end d’été indien. Là, des amis ou des touristes qui déjeunent à la terrasse d’un café, le visage enivré d’un soleil généreux. Trop. Ce qui plombe quelque peu notre gourmandise à le savourer. On nous rebat les oreilles, dans les médias, sur le pouvoir d’achat en berne. Certes, les fins de mois sont difficiles pour beaucoup. Mais le chant des oiseaux – qui pépient comme au printemps, déboussolés par la clémence du temps – est un cadeau pour tous. Et d’autres joies volètent dans notre douce France. Un barbecue en famille. Un match au club de foot local. Un cours de danse. L’anniversaire d’une grand-mère. Un camp de scouts.  Une randonnée. Les températures qui frisent les 25° dans le nord et les 30° dans le sud sont lénifiantes. On oublie volontiers que la terre est malade, qu’ailleurs les pluies torrentielles s’abattent et emportent des vies, qu’ici même des paysans se désespèrent de leurs terres trop sèches. On oublie aussi un peu la guerre à nos portes dans les plaines et villes d’Ukraine ou dans ces pays aux antipodes qu’on peine parfois à situer sur une mappemonde. 

            Et soudain, c’est le chaos là-bas, dans ce Moyen-Orient, si loin si mal compris, aux soubresauts perpétuels. Et les noms claquent dans nos consciences : Israël, kibboutz, Gaza, Hamas. Et les décomptes macabres percent nos cœurs. « On croit que tout est fini mais alors il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter. » disait Paul Claudel. Or comment entendre le chant d’un oiseau dans le fracas des armes ?


vendredi 6 octobre 2023

Fragments (à composer)

 

                                  Niki de Saint Phalle (Mons, Belgique, automne 2018)

                                               

Fragments (à composer)

L’inspiration ne se décrète pas

On a beau garder sous le boisseau

Des images et des mots

Être entomologiste

Collecter

Épingler

Aller toujours chercher

Dans les plis du passé

L’innommé

Ces ribambelles d’images heurtées

Le vent passe

Disperse

Les grains

Et sème au hasard

Herbes folles

Et mots perdus.

 

 Nathalie Boniface-mercier

 


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