vendredi 26 novembre 2021

Retour sur le salon du livre à Verdun

 


                                     



    Belle luminosité sur le quai de la Meuse en ce matin du samedi 20 novembre. Un peu de temps pour flâner dans le quartier de la cathédrale avant de rejoindre le palais épiscopal. Ce superbe édifice du XVIIIème siècle est un joyau de l’art classique français, conçu en 1724 par le premier architecte de Louis XV. Dans ses Mémoires, Saint-Simon disait qu’il s’agissait du « plus vaste et plus splendide palais épiscopal qu’il y ait en France.» Il abrite aujourd’hui la bibliothèque municipale et le Centre Mondial de la Paix, dans lequel se tient le salon du livre. 

                           


    Il est à peine dix heures ; les visiteurs ne sont pas encore là. Universitaires, auteurs de romans historiques ou d’essais, libraires, éditeurs et organisateurs de l’événement se rencontrent autour d’un café. Un soleil généreux inonde la salle et fait briller les couvertures des livres. Des couleurs à foison : images de blessures ravivées – silhouettes de Poilus, villages calcinés, terres dévastées –, portraits de l’Empire – Napoléon, Pauline Bonaparte – ou de familles royales d’Europe. Plusieurs siècles d’histoire courent d’une table à l’autre.  De drôles de Lulus en guerre au rayon BD. Des titres doux comme des confidences, comme ces Deux remords de Claude Monet.  Outre les piles de livres des auteurs présents, des tables sont garnies à profusion des livres de poche ou brochés.

                                         


    Pas la foule des précédents salons. Les deux journées s’écoulent entre heures creuses et fébriles. Ferait-il trop beau le samedi ? Trop gris le dimanche ? Le croque-mitaine Covid ferait-il peur ? Des visiteurs repartent chargés de livres, d’autres baguenaudent, timides, pour tromper leur ennui, juste pour voir, ça occupe la journée. Un scénario bien connu des auteurs et organisateurs. Tous les salons se ressemblent. Ou presque. Avec untel un achat coup de cœur, impulsif, et l’auteur sort sa plume, tout heureux. Avec unetelle, un échange sympathique. Un interlocuteur écoutant poliment un « cours d’histoire » d’historien qui n’arrive pas à se faire vendeur. Des paris ouverts, à mi-voix, entre voisins de stand. Quelques airs d’accordéon. Des interviews au micro.

    Je suis tantôt saisie d’instants d’enthousiasme ; ma vie palpite de livres écrits, de livres lus, de livres vus, d’auteurs croisés, de libraires à qui je suis fidèle. Je suis tantôt d’humeur chagrine ; on n’achète plus assez de livres, on ne lit plus assez, nos libraires font un métier difficile. Tant de travail en amont pour organiser une telle manifestation. Tant d’enjeux financiers, il faut bien le dire, pour les libraires qui investissent dans les approvisionnements. Tant d’heures de travail chez les auteurs pour un travail parfois si peu reconnu. Tant d’attentes pour une région qui souhaite se faire connaître. Je me sens tour à tour fille de Meuse, sœur de libraire et disciple d’auteurs et historiens talentueux ici présents.

    Lecteurs voraces ou occasionnels, fréquentez les salons du livre, achetez des livres. Parce que « La lecture agrandit l’âme. » (Voltaire)


jeudi 18 novembre 2021

Salon du livre d'histoire à Verdun

 





    Je serai ce week-end au salon du livre d'histoire de Verdun pour présenter Destins tragiques de princesses. Une grande joie pour moi, d'autant plus qu'avec la situation sanitaire le salon du livre d'Abbeville, où j'étais invitée en mars dernier pour mon livre L'hiver avec elle, avait été annulé. 


  

dimanche 14 novembre 2021

Les oies sauvages

 




Les oies sauvages s’accaparent le ciel

Silhouettes d’airain effilées dans le gris anthracite

Elles répondent à l’immuable destinée saisonnière

Un courant d’air évente leurs caquètements prophétiques

Et la voix grave du père       solennelle       lâche l’augure

Les oies sont passées       le froid arrive

Tandis que l’enfant       songe-creux       pressent l’incommensurable

puissance de la nécessité et la part irrévocable du destin

L'engrangeoir (page 53)


vendredi 12 novembre 2021

Lecture musicale

 





     

        L’enfance pétille comme ces cierges magiques de noël

       En un fulgurant crépitement d’étincelles

       Ne reste après l’émerveillement que le bâtonnet noirci entre les doigts

       Mais la flammèche fugace a inscrit sa lumière sur la rétine de l’enfant


      Mercredi  10 novembre à la Maison du Colonel, soirée musicale de lancement de L'engrangeoir. Famille et amis sont venus m'écouter lire quelques souvenirs d'enfance que j'ai herborisés en poésie et que la douce musique de Fred a accompagnés.

Un pot de l'amitié, aux saveur picardes - cidre et gâteau battu - , offert par les Editions La chouette imprévue, a permis de nouer de chaleureux échanges. Une très belle soirée. 




 

 

vendredi 5 novembre 2021

 

RENCONTRE - DÉDICACE

SAMEDI  6 NOVEMBRE  2021   de 14h 30 à 19 h

Librairie Studio Livres à Abbeville

33, place Max Lejeune

 

                       Destins tragiques de princesses Editions JOURDAN

                               Nathalie BONIFACE-MERCIER

 

          


 

samedi 30 octobre 2021

Aventures caucasiennes

 

          


    Du 7 novembre 1858 au 7 février 1859, Alexandre Dumas effectuait un voyage riche en aventures à travers le Caucase. Ce récit parfois rocambolesque, plein de rebondissements, est à mille lieux des treks d’aujourd’hui. Bienvenue au pays des coupe-gorge ou des coupe-mains ! La Géorgie de la fin du 19ème siècle est alors une mosaïque culturelle d’une douzaine de peuples, parmi lesquels les Abkhazes, les Tatars, les Tcherkesses, les Ossètes, les Tchétchènes et Les Lesghiens. Sans compter les Arméniens. Tout ce petit monde, que la langue, les mœurs et les implantations territoriales séparent, se voue parfois une haine tenace, au milieu desquels les Cosaques maintiennent tant bien que mal l’ordre par la force. « Il est plus aisé de tuer des hommes que de faire leur éducation : pour les tuer, il ne faut que de la poudre et du plomb ; pour les instruire, il faut une certaine philosophie sociale qui n’est point à la portée de tous les gouvernements. » note Dumas (Page 300). En ces contrées si promptes à guerroyer, notre écrivain, excellent chasseur, n’exclue pas de tâter du fusil si l’occasion se présente. Voyager, c’est aussi sauver sa peau.

    Dumas nous entraîne en tarantass inconfortable à travers les steppes, le fleuve Terek, des gorges escarpées, des monts au sommet desquels des aouls – villages fortifiés tchétchènes – semblent en suspens sur la falaise. « Nulle part comme au sommet du Karanaï on ne peut voir ce prodigieux bouleversement, cette dévastation inouïe que présente la chaîne du Caucase. Aucun pays du monde n’a été plus tourmenté par des soulèvements volcaniques que le Daghestan : les montagnes semblent, comme les hommes, déchirées par une lutte incessante et acharnée. […] Nous restâmes une heure à peu près au sommet du Karanaï. J’avais fini par m’habituer peu à peu à cette splendide horreur et j’avouai avec Bragation que, ni du haut du Faulhorn, ni du haut du Righi, ni du haut de l’Etna, ni du haut du pic de Gavarnie, je n’avais rien vu de pareil. » (Page 124)  Il traverse des villes, visite mosquées et bazars, dort en des palais où les princes lui offrent des armes, dîne à la française chez des gouverneurs de bourgs où l’on cause des derniers succès littéraires dans la langue de Molière sous des lustres en cristal tandis que la nuit noire, dans les rues au-dehors, se fait l’alliée des coupeurs de gorge et des kidnappeurs. Il découvre des villes portuaires :  Bakou, sur la mer Caspienne, Trébizonde, Batoum sur la mer Noire.

    Dumas dort dans des auberges insalubres n’ayant de lits que des bancs, y savoure des chachliks de mouton aux côtés de buveurs pour qui douze bouteilles ne sont que peu, quand il ne cuisine pas lui-même un coq acheté en route ou la sauvagine tombée sous ses tirs. Il entend des histoires de princesses enlevées par des Tatars, des exploits héroïques d’officiers cosaques, de Lesghiens qui clouent à la porte de leur maison la main droite de leur ennemi.

    Il chevauche des chevaux fougueux, se perd dans la neige, traverse des rivières glacées. Sa fatigue le trouble à peine. Homme vigoureux et travailleur acharné, il rédige son carnet de voyage au gré de ses étapes. « La neige tombait à flots. Je me mis à travailler. J’écrivais tout courant mon voyage au Caucase et, contre toute contrariété, le travail est une grande ressource. (Page 312) J’ai subi bien des privations dans mon voyage, j’ai manqué de tout quelquefois, même de pain. Eh bien ! la privation la plus difficile à supporter pour moi a toujours été celle du travail. » (Page 324)

    La rédaction de ce carnet va si bon train que le livre est publié  le 10 mars 1859, sitôt le retour d’Alexandre Dumas à Paris.

 

           

 

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