lundi 20 mai 2024

Ma bibliothèque ... selon Tom Gauld

 

                                        Œuvre originale de Tom Gauld


Lu :

Tâche insurmontable. Je lis en moyenne 45 livres par an.

 

Bientôt lu :

(Les petits derniers qui m’attendent sur ma table de chevet)

La nourrice de Francis Bacon Maylis BESSERIE

Le pain perdu Edith BRUCK

Gaspard Hauser ou la paresse du cœur Jakob WASSERMANN

Des choses qui se dansent Germain LOUVET

Les enfants de la Volga Gouzel IAKHINA

 

À moitié lu :

Locus solus Raymond ROUSSEL 

Un artiste excentrique expose dans son jardin sept merveilles tout droit sorties de son imagination et qu’il fait découvrir à quelques amis. Une déambulation étrange et déroutante. J’ai calé sur la description des œuvres.

 

Un artiste du monde flottant Kazuo ISHIGURO 

À mon grand regret car Kazuo Ishiguro est l’auteur du superbe roman Les Vestiges du jour, adapté au cinéma par James Ivory, chef d’œuvre du 7ème art. À mon grand regret car le titre est magnifique et la couverture, en collection Folio, était très belle. Le livre m’a ennuyée, sans doute faute de connaissances sur le Japon pendant la seconde guerre mondiale.

 

La conjuration des imbéciles John KENNEDY TOOLE

Eh oui, je l’avoue. Je suis passée à côté d’un livre culte. Suis-je une imbécile d’avoir lâché ce monument de la littérature contemporaine ? J’ai toutefois eu quelque scrupule à le faire. Comment ne pas être émue par la dramatique histoire de cet auteur qui mit fin à ses jours, rongé par l’insuccès de son histoire auprès des éditeurs, et dont le talent a été reconnu post mortem.  

 

À lire quand j’aurai plus de temps* :

(*Quand je serai en retraite !)

À la recherche du temps perdu Marcel PROUST

Les piliers de la terre Ken FOLLET

Essais Michel de MONTAIGNE

 

Ne lirai jamais :

Les mauvais polars qui pullulent (et les mauvais romans d’amour).

Les jardins statuaires Jacques ABEILLE

Une quatrième de couverture qui m’a séduite puis laissée dubitative. Un très bon livre manifestement mais que j’ai retourné maintes fois en tous sens et reposé dans ma bibliothèque, pas convaincue que j’aimerais ce conte surréaliste, dystopique. Question de goût personnel. Le livre a dormi sur une étagère quelques années avant d’atterrir dans une boîte à lire. J’espère avoir fait un heureux.

 

Juste pour la frime :

La lecture est pour moi une activité trop sérieuse et trop aimée pour qu’elle soit un sujet de frime. Parler des livres qu’on a lus est un plaisir que l’on ne partage qu’avec des personnes qui aiment et savent parler des livres qu’elles ont lus.

 

Lu, mais impossible de me souvenir d’une seule ligne :

Honnêtement – et hélas – beaucoup de livres que j’ai pu lire dans ma vie de lectrice depuis quarante ans que je dévore. Toutes mes excuses aux auteurs de bons livres qui m’ont fait passer d’agréables moments. (Les livres géniaux, je m’en souviens, un peu, beaucoup, passionnément !)

Il me vient tout de même à l’esprit quelques titres. (Livres médiocres ou pas à mon goût. Ou lus sans adhésion à cause de la fatigue, du surmenage… Livres commerciaux sans saveur. Livres assommants. Livres prétentieux.) Toutefois ces livres-là, étrangement, attisent tant mon agacement que ma mémoire garde trace de leurs défauts. La mémoire n’est pas toujours sélective comme on le souhaiterait.

 

La maison atlantique Philippe BESSON

Je viens de retrouver une note de lecture de novembre 2019. Moi qui étais persuadée de n’avoir jamais encore lu un bouquin de Philippe Besson ! Ce livre s’est complètement effacé de ma mémoire.

 

Discordance Anna JÖRGENSDOTTER

Lu en 2015 d’après mon cahier de lecture. Aucun souvenir de cette fresque familiale de paysans pauvres en Suède dans les années trente. Mes notes, elliptiques et tièdes, ne réenclenchent pas le moindre souvenir.

 

Sans compulser mes notes, de mémoire, je peux citer un roman d’Agnès MARTIN LUGAND dont j’ai oublié le titre. Une histoire insipide au possible. Je me souviens juste que l’héroïne chaussait des Stiletto… des hauts talons qui ne m’ont pas grandie !

 

J’aurais préféré ne pas le lire :

Le grand cahier Agota Kristof.


samedi 18 mai 2024

Conférence

 


                 Une du Supplément illustré du Petit Journal du 16 mai 1897                                                (Gravure de Fortuné Méaulle, d'après un dessin d'Osvaldo Tofani)

Dans ma chronique du 24 avril 2024, j’annonçais une conférence sur l’incendie du Bazar de la charité, le samedi 1er juin 2024. La conférence n’aura finalement pas lieu à cette date mais le samedi 19 octobre 2024 (même endroit, même heure*) Ce changement est indépendant de ma volonté et de celle des organisateurs (L’association des Amis de la Cathédrale). Elections européennes obligent, la mairie d’Amiens a besoin de la salle.

* Espace Dewailly, place Dewailly, amphithéâtre Jean Cavaillés, AMIENS, à 14h30.


dimanche 12 mai 2024

Fugacité

 



Samedi soir, ce long week-end s’achève déjà presque et je n’ai rien écrit dans mon blog. Indolence et scrupules se livrent un combat inégal. Nulle nécessité, c’est vrai. J’ouvre la porte de la datcha selon mon bon plaisir. Avec cette arrière-pensée de ne pas être une hôtesse soucieuse de ses visiteurs. Des lecteurs en attente, sans doute. Quoi dire ? Que vais-je m’autoriser à écrire cette fois encore ? Je n’ai pas toujours d’idées. Écrire juste. Écrire sans futilité. Écrire sans sombrer dans la graphomanie. Écrire sans être la greffière de sa propre vie comme certains s’en sont donné la tâche (et s’en acquittent fort bien ou avec prétention et complaisance). Les mots, les thèmes infusent en moi. Se perdent dans le tourbillon des jours. Je reviens, ce soir, à ma sempiternelle tisane, ressassée, refroidie, sur la difficulté, souvent, d’écrire malgré ce bouillonnement en moi, un adage auquel je suis fidèle, un élan vital sans lequel je m’étiolerais. Écrire, un de mes verbes préférés.

Vingt et une heures au jardin. Première douceur de la saison. Le seringa me lance par intermittences ses effluves. Un merle chante au sommet d’une cheminée. C’est sans doute celui qui m’a élue au point de courir vers moi en sautillant dans la pelouse lorsque je viens au jardin et qui ne me fuit pas quand ma silhouette se découpe dans la fenêtre. Il quête les morceaux de pomme que je lui donne.  Sa sérénade, ce soir, ne couvre pas le bourdonnement d’une foire, non loin dans mon quartier, et les exhortations du forain qui troublent mon jardin tranquille de cette fièvre populaire dont je n’ai jamais partagé l’engouement.

Dans le ciel surgissent les premiers martinets de la saison, prévisibles hérauts d’une chaude soirée. Leurs ailes déployées, leurs virevoltes sont des oriflammes. Et soudain le ciel se quadrille de traînées de fumées d’avion, nacrées par le soleil couchant. Cinq vols. Cinq destinations. Lignes parallèles ou croisées en un carroyage inattendu. Je cours chercher l’appareil photo. Trop tard. Il aura suffi de quelques instants à peine pour que s’estompent les tracés, pour que les avions ne soient plus qu’un point ténu là-haut. Fugacité insaisissable dans l’appareil photo.

Il en va des lignes d’horizon de ces avions comme des mots fuyants, dans un esprit pas assez arrimé au papier. Ciel bleu et feuille blanche forment un même mirage.


mercredi 24 avril 2024

L'appel des chemins verts

 



Vacances. Sans vacance. Des copies à corriger. Une conférence[1] que je suis invitée à donner et qu’il me faut boucler. L’incendie du Bazar de la Charité, un sujet grave et particulièrement émouvant, que j’avais eu l’occasion d’évoquer dans Destins tragiques de princesses[2], au chapitre consacré à Sophie-Charlotte d’Alençon. De gazettes en témoignages, je tire des fils, j’assemble des idées. Ce terrible fait divers eut un retentissement politique et sociétal sans pareil et une étonnante résonance dans cette fin de siècle où l’art donnait volontiers dans le décadentisme avec des artistes comme Félicien Rops et Gustave Moreau, avec des récits de sadisme chez Barbey d’Aurevilly, auteur que j’avais découvert adolescente et lu avec circonspection, toute parée de ma fraîcheur innocente d’alors. J’étais aux antipodes des pamoisons de Madame de Mortsauf et je découvrais que la littérature pouvait être venimeuse.

Mes doigts courent sur le clavier et je fais un détour car, en fait, je voulais consacrer ma chronique aux chemins verts de la campagne. Je suis en manque de nature et ma pensée, pas toujours corsetée dans le travail, se jette parfois dans les sentiers de balade qui m’attendent. Chemins de halage de bord de Loire, sentes entre les vignes de la colline sancerroise. J’ai faim de dévorer le vert tendre d’avril, de boire la lumière du val des rois dont la région de Jacques Cœur est la queue de comète. C’est un coin de terre qui m’est cher. Terre de ma jeunesse bien qu’elle ne soit pas mon petit Liré. Sancerre, l’austère et grise protestante, âpre et tenace, dont seules quelques pierres savent encore murmurer la complainte. Sancerre, la pimpante, touristique et avenante, gouleyante comme son vin blanc. Je te connais en toutes saisons. Parfumée des vendanges à l’automne, abrutie de soleil en été, embrumée et frisquette l’hiver. J’ai parcouru toutes tes ruelles abruptes. Je peux les égrener de mémoire, en un poème à la mode d’antan. Rue du Puits de Dieu, Rue des Pressoirs, rue du Serre Cœur, rue de la Chèvre blanche, rue du Mouton noir, rue Porte serrure, rue du Carroir de velours, rue du Vieux prêche, rue des Petits remparts. Ce sont des mots qui chantent à mon oreille et bercent mes souvenirs. Des repas de famille, d’amis. Des pas d’enfants qui trottinent dans l’ombre des vieilles demeures. Un abricotier dans un jardin. Une terrasse, avec au loin, le ruban alangui de la Loire. J’ai hâte de croquer la galette berrichonne aux pommes de terre, un quartier de crottin de Chavignol et de plonger mes yeux dans le reflet jaune citrine d’un verre de sauvignon. Patience…




[1] Conférence à l’Espace Dewailly, place Dewailly, amphithéâtre Jean Cavaillés, AMIENS, samedi 1er juin 2024 à 14h30, proposée par l’association Les Amis de la cathédrale.

[2] Nathalie BONIFACE-MERCIER, Destins tragiques de princesses, Editions Jourdan (2021)


samedi 13 avril 2024

Dilemme


 


S’il me fallait choisir

Entre ma garde-robe et ma bibliothèque

Je garderais mes livres

Et un vieux pull qui a mémoire de mes anciens chagrins

S’il me fallait choisir

Entre le placard de la cuisine et ma bibliothèque

Je me nourrirais de livres

Et d’un œuf à la coque avec une pointe de sel

S’il me fallait choisir entre mes flacons de parfum et ma bibliothèque

Je puiserais dans les poèmes les enivrantes senteurs

Et les effluves volatils du vent saisonnier

S’il me fallait choisir

Entre mon jardin et ma bibliothèque

J’emporterais les livres au jardin

Parce qu’il y a des dilemmes pour lesquels on ne tranche pas

Recto verso valent un même bonheur.

 

Nathalie Boniface-Mercier 


lundi 1 avril 2024

Collier des jours

 



La datcha semble assoupie ces derniers temps. Les semaines chargées m’accaparent. Il me vient parfois des idées de chroniques, une jolie phrase qui effleure la poésie, une image que je voudrais confier aux mots, des bribes de sujets, le tout ne s’assemble pas, même si, épars, ces morceaux viennent du collier des jours. À vivre trop vite ou sans se retourner, on casse des fils et les perles se défont. On les ramasse, on les abandonne dans une coupelle ou un tiroir. Petites boules vulnérables, esseulées. Elles ne sont pourtant pas moins belles que dans l’ordonnancement des jours et des saisons, que jointes les unes aux autres sur le cordon du bijou. Laissons mes doigts fouiller ce vide-poche de mots glanés, d’images conservées. J’ai bien de quoi composer une rivière de diamants pour honorer le quotidien. La tête d’un faisan émergeant à la lisière d’un champ de colza, un écureuil traversant la route, panache en radar, la lumière des cierges de la veillée pascale sous les voûtes en ogive, les mots luminaires et firmament dans le Livre de la Création, l’éclosion des premières jacinthes dans le jardin, le parfum d’un baeckeofe qui mijote au four, des bribes de poèmes lus à la sauvette dans un vent coulis de poésie qui glisse dans les heures laborieuses, le chant des oiseaux – prémices de l’aube – , la présence discrète de la mésange à tête bleue sur une branche d’arbuste à quelques mètres de mon bureau, le sautillement du merle qui accourt, tel un animal de compagnie, à ma vue, dans l’espoir de trouver au pied du rosier le quignon quotidien de ma pomme partagée. Au fond, quoi d’autre qu’une poésie sans nom qui ne s’est pas posée sur le papier mais dans nos yeux. Dans le nid de nos cinq sens, dirais-je même.         

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