Façade médiévale, Dijon
Un poème perdu
Ne se rattrape guère
Le fou du roi grimace
Et s’esquive.
2 juin 20024
Façade médiévale, Dijon
Un poème perdu
Ne se rattrape guère
Le fou du roi grimace
Et s’esquive.
2 juin 20024
Œuvre originale de Tom Gauld
Lu :
Tâche insurmontable. Je lis en moyenne 45 livres par an.
Bientôt lu :
(Les petits derniers qui m’attendent sur ma table de chevet)
La nourrice de Francis Bacon Maylis BESSERIE
Le pain perdu Edith BRUCK
Gaspard Hauser ou la paresse du cœur Jakob WASSERMANN
Des choses qui se dansent Germain LOUVET
Les enfants de la Volga Gouzel IAKHINA
À moitié lu :
Locus solus Raymond ROUSSEL
Un artiste excentrique expose dans son jardin sept merveilles
tout droit sorties de son imagination et qu’il fait découvrir à quelques amis.
Une déambulation étrange et déroutante. J’ai calé sur la description des
œuvres.
Un artiste du monde flottant Kazuo ISHIGURO
À mon grand regret car Kazuo Ishiguro est l’auteur du superbe
roman Les Vestiges du jour, adapté au cinéma par James Ivory, chef
d’œuvre du 7ème art. À mon grand regret car le titre est magnifique
et la couverture, en collection Folio, était très belle. Le livre m’a ennuyée,
sans doute faute de connaissances sur le Japon pendant la seconde guerre
mondiale.
La conjuration des imbéciles John KENNEDY TOOLE
Eh oui, je l’avoue. Je suis passée à côté d’un livre culte.
Suis-je une imbécile d’avoir lâché ce monument de la littérature
contemporaine ? J’ai toutefois eu quelque scrupule à le faire. Comment ne
pas être émue par la dramatique histoire de cet auteur qui mit fin à ses jours,
rongé par l’insuccès de son histoire auprès des éditeurs, et dont le
talent a été reconnu post mortem.
À lire quand j’aurai plus de temps* :
(*Quand je serai en retraite !)
À la recherche du temps perdu Marcel PROUST
Les piliers de la terre Ken FOLLET
Essais Michel de MONTAIGNE
Ne lirai jamais :
Les mauvais polars qui pullulent (et les mauvais romans
d’amour).
Les jardins statuaires Jacques ABEILLE
Une quatrième de couverture qui m’a séduite puis laissée
dubitative. Un très bon livre manifestement mais que j’ai retourné maintes fois
en tous sens et reposé dans ma bibliothèque, pas convaincue que j’aimerais ce
conte surréaliste, dystopique. Question de goût personnel. Le livre a dormi sur
une étagère quelques années avant d’atterrir dans une boîte à lire. J’espère
avoir fait un heureux.
Juste pour la frime :
La lecture est pour moi une activité trop sérieuse et trop
aimée pour qu’elle soit un sujet de frime. Parler des livres qu’on a lus est un
plaisir que l’on ne partage qu’avec des personnes qui aiment et savent parler
des livres qu’elles ont lus.
Lu, mais impossible de me souvenir d’une seule ligne :
Honnêtement – et hélas – beaucoup de livres que j’ai pu lire
dans ma vie de lectrice depuis quarante ans que je dévore. Toutes mes excuses
aux auteurs de bons livres qui m’ont fait passer d’agréables moments. (Les
livres géniaux, je m’en souviens, un peu, beaucoup, passionnément !)
Il me vient tout de même à l’esprit quelques titres. (Livres
médiocres ou pas à mon goût. Ou lus sans adhésion à cause de la fatigue, du surmenage…
Livres commerciaux sans saveur. Livres assommants. Livres prétentieux.) Toutefois
ces livres-là, étrangement, attisent tant mon agacement que ma mémoire garde
trace de leurs défauts. La mémoire n’est pas toujours sélective comme on le
souhaiterait.
La maison atlantique Philippe BESSON
Je viens de retrouver une note de lecture de novembre 2019.
Moi qui étais persuadée de n’avoir jamais encore lu un bouquin de Philippe
Besson ! Ce livre s’est complètement effacé de ma mémoire.
Discordance Anna JÖRGENSDOTTER
Lu en 2015 d’après mon cahier de lecture. Aucun souvenir de
cette fresque familiale de paysans pauvres en Suède dans les années trente. Mes
notes, elliptiques et tièdes, ne réenclenchent pas le moindre souvenir.
Sans compulser mes notes, de mémoire, je peux citer un roman
d’Agnès MARTIN LUGAND dont j’ai oublié le titre. Une histoire insipide au
possible. Je me souviens juste que l’héroïne chaussait des Stiletto… des hauts
talons qui ne m’ont pas grandie !
J’aurais préféré ne pas le lire :
Le grand cahier Agota Kristof.
Dans ma chronique du 24 avril 2024, j’annonçais une conférence sur l’incendie du Bazar de la charité, le samedi 1er juin 2024. La conférence n’aura finalement pas lieu à cette date mais le samedi 19 octobre 2024 (même endroit, même heure*) Ce changement est indépendant de ma volonté et de celle des organisateurs (L’association des Amis de la Cathédrale). Elections européennes obligent, la mairie d’Amiens a besoin de la salle.
* Espace Dewailly, place Dewailly, amphithéâtre Jean Cavaillés,
AMIENS, à 14h30.
Samedi
soir, ce long week-end s’achève déjà presque et je n’ai rien écrit dans mon
blog. Indolence et scrupules se livrent un combat inégal. Nulle nécessité,
c’est vrai. J’ouvre la porte de la datcha selon mon bon plaisir. Avec cette
arrière-pensée de ne pas être une hôtesse soucieuse de ses visiteurs. Des
lecteurs en attente, sans doute. Quoi dire ? Que vais-je m’autoriser à
écrire cette fois encore ? Je n’ai pas toujours d’idées. Écrire juste.
Écrire sans futilité. Écrire sans sombrer dans la graphomanie. Écrire sans être
la greffière de sa propre vie comme certains s’en sont donné la tâche (et s’en
acquittent fort bien ou avec prétention et complaisance). Les mots, les thèmes
infusent en moi. Se perdent dans le tourbillon des jours. Je reviens, ce soir,
à ma sempiternelle tisane, ressassée, refroidie, sur la difficulté, souvent,
d’écrire malgré ce bouillonnement en moi, un adage auquel je suis fidèle, un
élan vital sans lequel je m’étiolerais. Écrire, un de mes verbes préférés.
Vingt
et une heures au jardin. Première douceur de la saison. Le seringa me lance par
intermittences ses effluves. Un merle chante au sommet d’une cheminée. C’est
sans doute celui qui m’a élue au point de courir vers moi en sautillant dans la
pelouse lorsque je viens au jardin et qui ne me fuit pas quand ma silhouette se
découpe dans la fenêtre. Il quête les morceaux de pomme que je lui donne. Sa sérénade, ce soir, ne couvre pas le
bourdonnement d’une foire, non loin dans mon quartier, et les exhortations du
forain qui troublent mon jardin tranquille de cette fièvre populaire dont je
n’ai jamais partagé l’engouement.
Dans
le ciel surgissent les premiers martinets de la saison, prévisibles hérauts
d’une chaude soirée. Leurs ailes déployées, leurs virevoltes sont des
oriflammes. Et soudain le ciel se quadrille de traînées de fumées d’avion,
nacrées par le soleil couchant. Cinq vols. Cinq destinations. Lignes parallèles ou
croisées en un carroyage inattendu. Je cours chercher l’appareil photo. Trop
tard. Il aura suffi de quelques instants à peine pour que s’estompent les
tracés, pour que les avions ne soient plus qu’un point ténu là-haut. Fugacité
insaisissable dans l’appareil photo.
Il
en va des lignes d’horizon de ces avions comme des mots fuyants, dans un esprit
pas assez arrimé au papier. Ciel bleu et feuille blanche forment un même
mirage.
Vacances. Sans vacance.
Des copies à corriger. Une conférence[1]
que je suis invitée à donner et qu’il me faut boucler. L’incendie du Bazar de
la Charité, un sujet grave et particulièrement émouvant, que j’avais eu
l’occasion d’évoquer dans Destins tragiques de princesses[2],
au chapitre consacré à Sophie-Charlotte d’Alençon. De gazettes en témoignages,
je tire des fils, j’assemble des idées. Ce terrible fait divers eut un
retentissement politique et sociétal sans pareil et une étonnante résonance
dans cette fin de siècle où l’art donnait volontiers dans le décadentisme avec des
artistes comme Félicien Rops et Gustave Moreau, avec des récits de sadisme chez
Barbey d’Aurevilly, auteur que j’avais découvert adolescente et lu avec
circonspection, toute parée de ma fraîcheur innocente d’alors. J’étais aux
antipodes des pamoisons de Madame de Mortsauf et je découvrais que la
littérature pouvait être venimeuse.
Mes doigts courent sur le
clavier et je fais un détour car, en fait, je voulais consacrer ma chronique
aux chemins verts de la campagne. Je suis en manque de nature et ma pensée, pas
toujours corsetée dans le travail, se jette parfois dans les sentiers de balade
qui m’attendent. Chemins de halage de bord de Loire, sentes entre les vignes de
la colline sancerroise. J’ai faim de dévorer le vert tendre d’avril, de boire
la lumière du val des rois dont la région de Jacques Cœur est la queue de
comète. C’est un coin de terre qui m’est cher. Terre de ma jeunesse bien
qu’elle ne soit pas mon petit Liré. Sancerre, l’austère et grise protestante,
âpre et tenace, dont seules quelques pierres savent encore murmurer la
complainte. Sancerre, la pimpante, touristique et avenante, gouleyante comme
son vin blanc. Je te connais en toutes saisons. Parfumée des vendanges à
l’automne, abrutie de soleil en été, embrumée et frisquette l’hiver. J’ai
parcouru toutes tes ruelles abruptes. Je peux les égrener de mémoire, en un
poème à la mode d’antan. Rue du Puits de Dieu, Rue des Pressoirs, rue du
Serre Cœur, rue de la Chèvre blanche, rue du Mouton noir, rue Porte serrure,
rue du Carroir de velours, rue du Vieux prêche, rue des Petits remparts. Ce
sont des mots qui chantent à mon oreille et bercent mes souvenirs. Des repas de
famille, d’amis. Des pas d’enfants qui trottinent dans l’ombre des vieilles
demeures. Un abricotier dans un jardin. Une terrasse, avec au loin, le ruban
alangui de la Loire. J’ai hâte de croquer la galette berrichonne aux pommes de
terre, un quartier de crottin de Chavignol et de plonger mes yeux dans le
reflet jaune citrine d’un verre de sauvignon. Patience…
[1]
Conférence à l’Espace Dewailly, place Dewailly, amphithéâtre Jean Cavaillés,
AMIENS, samedi 1er juin 2024 à 14h30, proposée par l’association Les
Amis de la cathédrale.
[2] Nathalie
BONIFACE-MERCIER, Destins tragiques de princesses, Editions Jourdan
(2021)
S’il me
fallait choisir
Entre ma
garde-robe et ma bibliothèque
Je garderais
mes livres
Et un vieux
pull qui a mémoire de mes anciens chagrins
S’il me
fallait choisir
Entre le
placard de la cuisine et ma bibliothèque
Je me
nourrirais de livres
Et d’un œuf
à la coque avec une pointe de sel
S’il me
fallait choisir entre mes flacons de parfum et ma bibliothèque
Je puiserais
dans les poèmes les enivrantes senteurs
Et les
effluves volatils du vent saisonnier
S’il me
fallait choisir
Entre mon
jardin et ma bibliothèque
J’emporterais
les livres au jardin
Parce qu’il
y a des dilemmes pour lesquels on ne tranche pas
Recto verso
valent un même bonheur.
Nathalie
Boniface-Mercier