Entendre
tomber la pluie est une bénédiction, surtout quand on n’a pas à l’affronter
avec le vent qui souffle rageusement cet après-midi. J’aime les jours de pluie
quand je suis au chaud à travailler, lire ou écrire. Je bénis la pluie quand on
l’a attendue de longues semaines et que son absence rimait avec le spectre de
la sècheresse. La pelouse commençait à jaunir ; du jamais vu en cette
saison en Picardie !
La
pluie, la neige, l’automne et l’hiver font partie de mes « totems » de
lectrice et d’auteur. J’aime lire leur évocation dans les livres, j’aime écrire
sur ces thèmes-là. Et j’ai une prédilection pour les tableaux et les dessins convoquant
la neige. Je suis née une froide nuit de
janvier et j’ai de lointains ancêtres russes. Sans doute faut-il y voir une
trace ? Plus concrètement, ma sensibilité s’est, dès l’enfance, nourrie
des tableaux des peintres flamands et, à l’adolescence, d’une appétence pour la
littérature russe.
Occasion de présenter un superbe livre découvert lors d’un salon du livre à Paris il y a quelques années. Imprécis de la pluie, d’Yvette Rodalec[1]. Une pépite ! Cet ouvrage est une anthologie de textes (poèmes et extraits de romans) d’une grande variété, qui rassemble des auteurs d’hier et d’aujourd’hui, français ou étrangers. Impossible de les citer ; il y en a plus de soixante-dix. Aucune austérité ni sentiment de lassitude au fil des pages car l’iconographie et la typographie sont particulièrement soignées et riches. Le mot se fait dessin, habille la page. Notre regard savoure des estampes, des tableaux impressionnistes, des lavis, des encres de Chine, des collages, des photographies, des aquarelles.
C’est
un livre qui nous éclabousse, nous vivifie, que l’on parcourt à grandes
enjambées de randonneur ou dans lequel on musarde au hasard des pages. Un livre
de chevet ou de salon. Qui apprécie la compagnie d’une tasse de thé et d’un feu
de cheminée. Un livre d’hiver pour se réconcilier avec les frimas. Un livre
d’été pour s’enivrer de terre chaude et mouillée. Un livre qui loue un bien ô
combien précieux et dont nous ne mesurons pas toujours sa vitale nécessité.
Vive la pluie !
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