Dans
un article de la revue de poésie Tohu-Bohu consacré à la poétesse Colette
Nys-Mazure, celle-ci déclare : « Je persiste à vivrelireécrire
en un seul mot. » Je ferais bien mien cet adage – en ajoutant toutefois le
verbe danser – mais le quotidien est souvent dévoré par le vivre, dans ce qu’il
a de plus prosaïque. Verdict bien sévère, j’en conviens. Faut-il caser mon
travail d’enseignante ou les heures de préparation des repas dans la part du
prosaïque ? Parfois la routine gâte les nécessités heureuses ou
confortables. Un emploi du temps chargé tous azimuts. Retenons
toutefois ces trois heures sympathiques passées avec des étudiants du CROUS
d’Amiens au cours d’un atelier d’écriture, fin février. « Écrire de la
poésie, leur avais-je dit, ce n’est pas faire un Rubik’s cube, c’est plutôt
jouer avec un kaléidoscope. La poésie est une infiltration dans le monde, une absorption
du monde. Un réel transfiguré. » Ce
fut une très belle rencontre. Assidus déjà à la pratique de l’écriture, d’horizons
divers, mes jeunes poètes ont tissé slam et poésie, confidences et anecdotes
sur le métier à tisser de leur vie et ont partagé leurs écrits dans leur
connivence et bienveillance de groupe soudé, passionné.
Et
comme l’art et la poésie font bonne alliance, retenons aussi cette visite du
musée d’Amiens sur le thème des femmes, 8 mars oblige, menée par une collègue
de lettres classiques familière de ces lieux où elle travaille à temps partiel.
Une parenthèse pleine de délicatesse et de beauté.
À l’agenda, salon du livre demain : Bondues. Où je suis heureuse de retourner tant cette manifestation est dynamique. Le salon du livre de Bondues fut l’un des premiers auxquels je participai il y a quinze quand venait de sortir mon recueil de nouvelles, Les souvenirs n’encombrent pas les placards. Les salons sont le verso du travail de l’écrivain. Au recto, les heures d’écriture dans la solitude.