Au
jardin, un couple de mésanges charbonnières virevolte du rosier au nichoir
installé cet hiver, sous l’œil averti de Piccolo. Comment concilier mon amour
des chats et des oiseaux ? Espérons que l’un n’aura pas la patte trop
véloce et que les autres auront le battement d’ailes suffisamment vif.
Au
bureau, les relectures multiples des épreuves d’un livre, avant de signer le
bon à tirer, me demandent d’avoir des yeux de lynx pour chasser les coquilles plausibles.
En ces moments-là, le livre à venir n’est
pas encore concret malgré l’image de couverture proposée par l’éditeur. Maquette.
Mirage, presque. L’émotion est toujours là. Mais ce n’est plus la fièvre
impatiente des premières fois. On sait attendre. On lit, on relit. Le texte
finit par être désincarné. Des lettres, des mots comme des dessins, qui n’admettent
pas le moindre écart. Je ne me suis jamais remise d’un de mes livres publiés
quelques années plus tôt, truffé de fautes faites par un correcteur automatique
d’orthographe - le comble ! - alors
que mon tapuscrit en était indemne. Malgré mon œil sagace et agacé à traquer
ces irrévérencieuses bévues, j’en ai laissé filer deux ou trois, fatigue oblige,
et de celles que j’avais signalées toutes n’avaient, hélas, pas été corrigées.
Quel gâchis ! Un si bel ouvrage (je parle du livre en tant qu’objet), un travail
d’écriture si long (plusieurs années de recherches et de rédaction). Mes chères
princesses, vous m’avez vue bien désolée. Depuis, j’ai toujours ce pincement au cœur
quand un livre est en cours de fabrication, quand bien même, heureusement, il y
a des éditeurs très scrupuleux et en qui je peux avoir confiance. Un écrivain
doit tant à ses éditeurs ; ils font la pluie et le beau temps sur le champ
que l’auteur a longuement labouré et ensemencé.