Je
viens d’achever la lecture d’un charmant opuscule : Éloge des librairies de Maël RENOUARD (Editions Rivages poche) La photo de
couverture et le titre m’avaient d’emblée séduite. L’auteur évoque ses années
de lycéen et d’étudiant au rythme de ses découvertes littéraires dans les
librairies ou chez les bouquinistes. Il nous
invite à une flânerie géographique – Rennes, Nantes, quartier latin à Paris,
Trouville, Marseille, Lisbonne, Londres – au cours de laquelle les lieux
d’autrefois éveillent sa nostalgie, ravivent ses coups de cœur, sa curiosité et
sa soif de lectures. D’anecdotes en portraits de libraires esquissés, de décors
plantés, Maël Renouard nous fait complice de ses achats et de ses années qui
ont forgé en lui le goût des lettres et une culture littéraire dense et
substantielle. Il se penche sur sa silhouette d’adolescent campé devant les
livres avec tendresse. Il évoque avec humour le dilemme du lecteur vorace submergé
par les livres sur son lieu de vacances : « Je ne dois pas être
seul familier de cette expérience : au moment de partir en vacances,
l’été, on bourre ses valises de livres qu’on se promet de lire au soleil, dont
on sait déjà, sans trop se l’avouer, que le nombre excède ce qu’on sera
concrètement capable d’achever (mais, se dit-on, c’est aussi pour se ménager la
possibilité de choisir), et puis, arrivé sur son lieu de villégiature, on
visite un libraire ou bouquiniste du pays, et voici que l’on découvre un nouveau
livre, gros ou très gros, que l’on n’avait jamais vraiment songé à se procurer
avant de tomber dessus ainsi au hasard d’une flânerie, mais que
l’on va prendre, et que l’on va passer toutes les vacances à dévorer, au
détriment de la lourde cargaison que l’on avait emportée et qui se trouve
frappée d’inutilité avec une soudaineté presque comique. » (page 95)
Son
histoire personnelle de jeune lecteur, circonscrite dans le temps et l’espace, met
l’accent sur la pérennité du commerce des livres, les bouquinistes des quais de
Seine, par exemple. Ou sur leur impermanence ; des pas de porte ferment
définitivement ou changent d’adresse et c’est tout un pan d’une vie de lecteur-acheteur
qui disparaît. Ne restent alors que les livres, dans la bibliothèque, et le
souvenir des circonstances de l’achat. « D’un grand nombre de mes
livres, je peux dire, bien des années après, dans quelle librairie, je me les
suis procurés […] » (page 7)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire