Et
si c’était le dernier livre ? La question ne se pose pas pour moi qui suis
encore relativement jeune. J’ai de belles années d’écriture devant moi, et
certaines, je l’espère, seront peut-être couronnées par des publications. Chez
les éditeurs qui m’ont déjà honorée ou dans d’autres maisons. Cette question me
vient en fait à l’esprit en pensant à deux femmes de lettres contemporaines que
j’ai aimé lire et qui n’ont rien publié depuis quelque temps : Claude
Pujade-Renaud et Marie Rouanet. Je les ai toutes deux découvertes dans les
années quatre-vingt-dix, à l’époque où elles publiaient beaucoup. Elles ont
accompagné mes années de jeune lectrice adulte. Elles étaient mes auteurs phares
en parallèle de ma boulimie d’auteurs anglo-saxons.
Source: Internet
Je me suis enivrée de la langue sensuelle, dense et chatoyante de Claude Pujade-Renaud. J’aime ce qu’elle exprime des corps. Ancienne danseuse, elle vibre à travers les mots. Je me souviens particulièrement de son livre La Danse océane qui romançait la vie de la danseuse américaine Doris Humphrey. Claude Pujade-Renaud est née en 1932, elle aura bientôt 90 ans. Son dernier roman est paru en 2016. Et, en 2017, les éditions Rhubarbe publiaient un journal co-écrit avec Daniel Zimmermann, son compagnon, décédé en 2000. Comment ne pas penser avec émotion au quotidien de cette femme longtemps voué à l’écriture. Qu’en est-il aujourd’hui pour elle ? Écrit-elle toujours ? Ou n’en a-t-elle plus la force physique, morale, intellectuelle ? Les mots dansent-ils toujours dans sa tête ?
Source: Midi Libre (Internet)
Les Douze petits mois de Marie Rouanet accompagnent, presque chaque hiver, quelques-unes de mes soirées de décembre. C’est un petit livre que je relis en entier ou dans lequel je picore mes passages préférés comme on allume les bougies de l’Avent. J’aime la bienveillance de Marie Rouanet, sa délicatesse dans les petites choses du quotidien, sa langue charnue. Elle aussi n’a rien fait paraître depuis 2016. Aujourd’hui Marie Rouanet a 85 ans ; elle a rejoint l’âge du portrait qu’elle faisait de sa mère. J’imagine sa main tavelée encore assez alerte pour cuisiner, parce que je me souviens de son texte magnifique sur les bécasses. J’imagine sa silhouette menue, assise à sa table d'écriture dans sa maison aveyronnaise. A-t-elle un nouveau livre en cours? Je revois sa main tenant un stylo-plume à l’encre rouge et qui glissait sur un livre une dédicace que je lui avais demandée pour une amie, lors d’un salon du livre à Paris. C’était en … j’ai oublié l’année, mais je me souviens de l’accent du sud de cette femme et de son doux sourire.
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