vendredi 9 décembre 2022

Magie de la lumière

 

         


   Avec le temps de l’Avent, les illuminations de noël sont revenues dans nos villes et villages, plus ou moins fastueuses, faisant fi des injonctions à la sobriété énergétique. J’aime à les revoir chaque année mais cette débauche de lumières, de cette surenchère d’éclairages m’agace aussi quelque peu. Loin, in fine, du véritable message de noël. Il y a quelques jours, alors que j’arpentais une rue illuminée, une image totalement décalée s’est glissée dans mon esprit. J’ai revu la couverture d’un livre sur l’Himalaya[1] que m’avait offert autrefois une amie pour mon anniversaire. Une photographie unique, prodigieuse. Une ode à la lumière, somptueuse et poétique, avec laquelle aucune guirlande de nos riches pays occidentaux ne pourrait rivaliser. Les yeux de nos enfants gâtés n’auront jamais l’émerveillement de Pangdjé, une Népalaise de dix ans, qui s’enthousiasmait, un jour d’hiver 1978, des reflets du soleil sur un morceau de glace qu’elle avait brisé dans une flaque d’eau gelée. Le photographe, Éric Valli, a su saisir l’instantanéité de cette joie enfantine, humble et grandiose à la fois. Et la qualité du cliché nous donne à voir la lumière réfractée sur le petit bout de glace tandis qu’une auréole nimbe la tête échevelée de l’enfant. Sans entrer dans un raisonnement binaire et inévitablement réducteur, je ne peux m’empêcher de songer au foisonnement assez vain de nos richesses occidentales au regard du modeste jeu de cette fillette au Népal. À contre-courant de nos noëls mercantiles, de nos jeux sophistiqués, ne perdons pas la magie de la lumière dans son plus simple habit et sachons l’honorer comme il se doit. Fiat lux.



[1] Himalaya Photographies d’Éric Valli, texte de Anne de Sales, Éditions de La Martinière, 2001 et réédité en 2010

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