Avec
le temps de l’Avent, les illuminations de noël sont revenues dans nos villes et
villages, plus ou moins fastueuses, faisant fi des injonctions à la sobriété
énergétique. J’aime à les revoir chaque année mais cette débauche de lumières,
de cette surenchère d’éclairages m’agace aussi quelque peu. Loin, in fine, du
véritable message de noël. Il y a quelques jours, alors que j’arpentais une rue
illuminée, une image totalement décalée s’est glissée dans mon esprit. J’ai
revu la couverture d’un livre sur l’Himalaya[1]
que m’avait offert autrefois une amie pour mon anniversaire. Une photographie
unique, prodigieuse. Une ode à la lumière, somptueuse et poétique, avec
laquelle aucune guirlande de nos riches pays occidentaux ne pourrait rivaliser.
Les yeux de nos enfants gâtés n’auront jamais l’émerveillement de Pangdjé, une
Népalaise de dix ans, qui s’enthousiasmait, un jour d’hiver 1978, des reflets
du soleil sur un morceau de glace qu’elle avait brisé dans une flaque d’eau
gelée. Le photographe, Éric Valli, a su saisir
l’instantanéité de cette joie enfantine, humble et grandiose à la fois. Et la
qualité du cliché nous donne à voir la lumière réfractée sur le petit bout de
glace tandis qu’une auréole nimbe la tête échevelée de l’enfant. Sans entrer
dans un raisonnement binaire et inévitablement réducteur, je ne peux m’empêcher
de songer au foisonnement assez vain de nos richesses occidentales au regard du
modeste jeu de cette fillette au Népal. À contre-courant de nos noëls
mercantiles, de nos jeux sophistiqués, ne perdons pas la magie de la lumière
dans son plus simple habit et sachons l’honorer comme il se doit. Fiat lux.
[1] Himalaya
Photographies d’Éric Valli, texte de Anne de Sales, Éditions de La Martinière, 2001 et réédité en 2010
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