samedi 30 août 2025

Album sans photos

 



Les derniers jours des vacances sont déjà loin et si près à la fois. L’ultime échappée belle s’est nourrie d’images, mais pas de celles qu’on épingle sur les réseaux sociaux. Parce que l’intime ne s’affiche pas. Parce qu’il y a des moments précieux, ténus ou volatiles que l’appareil photo ou le téléphone portable ne capte pas. Mon album des derniers jours d’été loin de chez moi est fait de musique : quelque part dans une petite église en Vendée, les voix magnifiques d’un chœur amateur chantant le Veni Creator, quelque part en Charente, dans le salon d’une maison de famille, une envolée majestueuse au piano d’un morceau de Keith Jarrett. Tournons les pages de mon album. Les couleurs déclinées au soleil levant, au cœur du jour ou au couchant : la prairie et les moutons devant les volets tout juste ouverts, le blanc irradiant de la robe de la mariée, le millefiori des têtes chapeautées, les teintes d’ocre du clocher du village. Il s’échappe des parfums de mon album : celle du foin accablé de chaleur, celle des chemins de terre au petit matin qui innervent la campagne charentaise. Il s’échappe des saveurs : douceurs du cocktail, tomates délicieuses et pêches du jardin, vin grenat savoureux. Mais je garde pour moi et les personnes aimées avec qui j’ai partagé tous ces moments l’essentiel, ce que la photographie ne capte pas, les mots glissés, murmurés, déclamés, chahutés par les rires ou l’émotion. Les mots qui disent de longues histoires, les mots des jeunes, les mots d’une vieille dame née dans cette lointaine et ancienne Indochine, les mots des prières à Notre Seigneur, les mots où l’on se confie, les mots des voix de ceux et celles avec qui j’ai vieilli, de près ou de loin, les mots des voix nouvelles et inconnues avec qui j’ai partagé un fragment de vie, une coupe à la main.

Un album bien garni, bien épais dans mes souvenirs et encore tout plein de pages vierges qui se rempliront au fil des ans.


mardi 19 août 2025

Quatrième anniversaire

 


Avec le mois d’août revient la date anniversaire de ce blog.  Quatre ans ! Quatre ans d’écriture plus ou moins féconde, plus ou moins régulière et 145 chroniques publiées depuis que la datcha a ouvert ses portes. Un rythme au ralenti cette année, semble-t-il. La faute à d’autres travaux d’écriture en cours ? Ou à celle de manquer d’inspiration parfois ? Comment trouver le sujet pertinent sans tomber dans le journal intime ni avoir la plume acerbe quand la bêtise du monde exacerbe la souffrance ? Rédiger des articles, qu’ils soient en phase avec l’actualité ou achroniques, légers ou sérieux, requiert une discipline. Cela a quelque chose du rendez-vous. J’ai sans doute un peu perdu en constance et, partant, en fidélité. Mon lectorat, pourtant, ne m’a pas lâchée et je m’en réjouis. En quatre ans d’existence, ce blog a franchi la barre des 10 000 visites. Un chiffre dérisoire au regard des milliers ou millions de followers de sites sur les réseaux sociaux, c’est vrai. Mais je l’assume. Dans un monde où tout et n’importe quoi se chiffre, quelle est encore la valeur d’un nombre ? Seul compte à mes yeux le plaisir de mes visiteurs à pousser le portillon de ma modeste datcha. Merci à vous. Seules comptent à mes yeux la rigueur et la sincérité de mon écriture. Pour vous. Pour moi.


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