mercredi 16 février 2022

Ecrire quand il pleut

 



            J’entendais, il y a peu, à la radio, Patrick Chamoiseau dire qu’il aimait écrire quand il pleut. Les pluies denses et drues des Caraïbes caracolent sur les toits de tôle des maisons modestes. Je me souviens de ces grondements sourds pour les avoir entendus lors d’un séjour en Martinique. Leur bruit caractéristique berce l’endormissement des enfants de là-bas, dit Chamoiseau.

             La pluie sied à l’exercice solitaire de l’écriture car elle pimente le silence. Elle ne l’annule pas ; son staccato régulier semble au contraire densifier l’impression de silence et de quiétude. La pluie, dehors, accentue le sentiment de confort de celui qui est dedans. Et la clarté amoindrie en plein jour est compensée par le halo ambré de la lampe du bureau qui circonscrit le bureau. Cette impression de cocon est d’autant plus douce lorsqu’on écrit sur le papier. La présence de l’ordinateur avec sa lumière crue sur l’écran ne rend pas si intensément cette atmosphère.

            J’ai longtemps écrit uniquement à la main et, sans que cela ne fût un rituel, je privilégiais volontiers les heures matinales ou crépusculaires, quand la lampe nimbe la table de travail. De là sans doute aussi ma joie à écrire quand il pleut. Pour jouir de ce contraste d’ombre et de clarté. Pour savourer la partition des gouttes sur le toit. Si l’ordinateur ôte aujourd’hui cette poésie-là à mon environnement, il me reste tout de même, de façon plus diffuse, ce sentiment de sérénité. La pluie, tout comme la neige d’ailleurs, est complice de l’écriture. Le chat qui dort aux côtés de l’écrivain, également. Mais des auteurs préfèrent le vent tourmenté d’un bord de mer. Je pense en écrivant ces lignes à la maison qu'avait John le Carré en Cornouailles. À Herbjørg Wassmö qui vit sur une petite île battue par les vents au nord du cercle polaire.

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