J’entendais,
il y a peu, à la radio, Patrick Chamoiseau dire qu’il aimait écrire quand il
pleut. Les pluies denses et drues des Caraïbes caracolent sur les toits de tôle
des maisons modestes. Je me souviens de ces grondements sourds pour les avoir
entendus lors d’un séjour en Martinique. Leur bruit caractéristique berce l’endormissement des enfants de là-bas,
dit Chamoiseau.
La pluie sied à l’exercice solitaire de
l’écriture car elle pimente le silence. Elle ne l’annule pas ; son
staccato régulier semble au contraire densifier l’impression de silence et de
quiétude. La pluie, dehors, accentue le sentiment de confort de celui qui est
dedans. Et la clarté amoindrie en plein jour est compensée par le halo ambré de
la lampe du bureau qui circonscrit le bureau. Cette impression de cocon est
d’autant plus douce lorsqu’on écrit sur le papier. La présence de l’ordinateur avec
sa lumière crue sur l’écran ne rend pas si intensément cette atmosphère.
J’ai
longtemps écrit uniquement à la main et, sans que cela ne fût un rituel, je
privilégiais volontiers les heures matinales ou crépusculaires, quand la lampe nimbe
la table de travail. De là sans doute aussi ma joie à écrire quand il pleut.
Pour jouir de ce contraste d’ombre et de clarté. Pour savourer la partition
des gouttes sur le toit. Si l’ordinateur ôte aujourd’hui cette poésie-là à mon
environnement, il me reste tout de même, de façon plus diffuse, ce sentiment de
sérénité. La pluie, tout comme la neige d’ailleurs, est complice de l’écriture.
Le chat qui dort aux côtés de l’écrivain, également. Mais des auteurs préfèrent
le vent tourmenté d’un bord de mer. Je pense en écrivant ces lignes à la maison
qu'avait John le Carré en Cornouailles. À Herbjørg Wassmö qui vit sur une petite île battue par les
vents au nord du cercle polaire.
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