Et voilà revenues les
vacances d’été ! Les grandes vacances pour des milliers d’élèves et
leurs enseignants. Les journaux télévisés déversent leurs marronniers sans
surprise : embouteillages, grèves de la SNCF les jours de grand départ,
budget moyen des Français. Triste médiocrité de l’information qui ferait
presque passer l’envie de prendre des vacances. Car, au fond, que sont les
vacances ? Et qui peut en prendre ? L’été ne se moissonne pas pour
tous en plaisirs de baignades, d’ascensions des alpages ou d’excursions
culturelles.
À l’heure des moissons, le blé de
l’été 2022 n’est pas l’or du pain à venir. Comment ne pas penser aux
agriculteurs ukrainiens dont la terre saigne ? Comment ne pas penser à nos
frères en humanité des pays méditerranéens, d’Afrique et d’Inde qui ne font
jamais de valises pour les vacances et s’inquiètent de ne plus pouvoir manger à
leur faim. Ce n’est pas le prix du plein d’essence conjugué au péage de
l’autoroute qui les inquiètent, mais celui de la farine pour faire le pain. Comment
ne pas penser à ces hommes et ces femmes qui vivent sous les bombes et pour qui
le mot vacances est un lointain souvenir ? Faut-il cette tragédie en
Ukraine pour que nous nous rappelions que les vacances ne sont pas pour
tous ? De la fillette en Afghanistan au petit garçon du Yémen, de l’homme
dont la forêt brûle à celui dont le labeur de la terre ne lui rapporte pas
l’argent du superflu.
Quoique qu’on en dise – car on a tôt fait de parer les
congés de vertus salutaires (et ce n’est pas faux) – les vacances ne sont
pas une nécessité vitale. Sans doute suis-je gentiment hypocrite avec une telle
assertion. Je ne cache pas l’ambivalence de mes pensées, c’est vrai, car j’ai
la chance d’être de ces privilégiés à qui la profession permet des vacances et
les moyens d’en profiter. Faut-il en avoir du remords ? Ou se couler dans
l’insouciant air du temps, se laisser porter par le discours ambiant qui invite
au farniente, à la dépense et à la débauche de carburant ?
À nous tous, qui que nous soyons, de trouver la juste mesure
de ce que l’été peut nous offrir en France, chez soi ou dans une autre région,
chez des amis ou à l’hôtel, au camping, ou encore dans de lointaines contrées
où il n’y pas la guerre, juste plus ou moins de pauvreté mais sur laquelle on
ferme les yeux parce qu’il s’agit de nos vacances.
Je vous invite alors à mettre dans vos valises de
l’amitié, de l’attention à l’autre, de la curiosité culturelle, du respect pour
l’environnement. Et pour ceux qui ne partent pas, que le soleil de l’été vous
honore de la beauté de ses lumières, de sa douceur qui convie les hommes à des
tablées amicales et familiales.
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