samedi 9 juillet 2022

Les vacances

 



Et voilà revenues les vacances d’été ! Les grandes vacances pour des milliers d’élèves et leurs enseignants. Les journaux télévisés déversent leurs marronniers sans surprise : embouteillages, grèves de la SNCF les jours de grand départ, budget moyen des Français. Triste médiocrité de l’information qui ferait presque passer l’envie de prendre des vacances. Car, au fond, que sont les vacances ? Et qui peut en prendre ? L’été ne se moissonne pas pour tous en plaisirs de baignades, d’ascensions des alpages ou d’excursions culturelles.

 À l’heure des moissons, le blé de l’été 2022 n’est pas l’or du pain à venir. Comment ne pas penser aux agriculteurs ukrainiens dont la terre saigne ? Comment ne pas penser à nos frères en humanité des pays méditerranéens, d’Afrique et d’Inde qui ne font jamais de valises pour les vacances et s’inquiètent de ne plus pouvoir manger à leur faim. Ce n’est pas le prix du plein d’essence conjugué au péage de l’autoroute qui les inquiètent, mais celui de la farine pour faire le pain. Comment ne pas penser à ces hommes et ces femmes qui vivent sous les bombes et pour qui le mot vacances est un lointain souvenir ? Faut-il cette tragédie en Ukraine pour que nous nous rappelions que les vacances ne sont pas pour tous ? De la fillette en Afghanistan au petit garçon du Yémen, de l’homme dont la forêt brûle à celui dont le labeur de la terre ne lui rapporte pas l’argent du superflu.

            Quoique qu’on en dise – car on a tôt fait de parer les congés de vertus salutaires (et ce n’est pas faux) – les vacances ne sont pas une nécessité vitale. Sans doute suis-je gentiment hypocrite avec une telle assertion. Je ne cache pas l’ambivalence de mes pensées, c’est vrai, car j’ai la chance d’être de ces privilégiés à qui la profession permet des vacances et les moyens d’en profiter. Faut-il en avoir du remords ? Ou se couler dans l’insouciant air du temps, se laisser porter par le discours ambiant qui invite au farniente, à la dépense et à la débauche de carburant ?  

À nous tous, qui que nous soyons, de trouver la juste mesure de ce que l’été peut nous offrir en France, chez soi ou dans une autre région, chez des amis ou à l’hôtel, au camping, ou encore dans de lointaines contrées où il n’y pas la guerre, juste plus ou moins de pauvreté mais sur laquelle on ferme les yeux parce qu’il s’agit de nos vacances.

            Je vous invite alors à mettre dans vos valises de l’amitié, de l’attention à l’autre, de la curiosité culturelle, du respect pour l’environnement. Et pour ceux qui ne partent pas, que le soleil de l’été vous honore de la beauté de ses lumières, de sa douceur qui convie les hommes à des tablées amicales et familiales.


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