La cuisine a ses saisons. Chapon
rôti, truffes au chocolat et galette à la frangipane, délicieuses parenthèses
dans l’hiver morose. Frivoles radis roses comme des baisers de printemps. Fèves
vert tendre d’un avril aux ramures feuillues. Gelées de groseilles vermeilles
de juin. Tartes aux abricots gorgés d’un soleil de fin d’été. Figues charnues
d’un septembre méridional. Et brumes
revenues, les vendanges sont faites et la sauvagine, mise à la gibecière. Cailles,
perdrix, bartavelles. Le marcassin donne son civet, la biche son cuissot. Comme
un bouquet final de feu d’artifice, mère Nature aura livré, avant les
bourrasques de novembre, noix, noisettes, châtaignes, potirons, pâtissons, rattes,
vitelottes et blettes. Le gibier est grand seigneur à la table des restaurants.
Faisan au pommard ou lièvre au lussac-saint-émilion et c’est votre nez qui
chasse à la billebaude des saveurs de glands écrasés sous la futaie, de mûres
dans les fossés, de girolles sous la mousse et le parfum âcre des sillons
labourés ou celui, acide, des éteules détrempées par la pluie. L’automne est la
saison préférée d’Antoine. La saison reine de la Bourgogne. Potage à la courge,
risotto de cèpes, pain perdu à la crème de cynorrhodon ou le panier d’automne
aux marrons, les incontournables de sa table.
L'Hiver avec elle, Nathalie BONIFACE-MERCIER, Editions Unicité, page 229
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