Source: Internet Collections du Louvre
Hier,
alors que je venais juste de rapporter de la boîte à lire un roman d’Arturo
Pérez-Reverte, j’entends à la radio la promotion de son dernier livre. Clin
d’œil du hasard. La vie réserve parfois de surprenantes coïncidences. J’ai, à
mon compte, une belle collection de ces collusions du destin, entièrement fortuites
ou fruit d’un maillage de circonstances. Même si Mallarmé a écrit qu’Un coup
de dés jamais n’abolira le hasard, on ne peut s’empêcher de sourire ou de
s’étonner de ces croisements inopinés. Le monde est petit, dit l’adage
populaire. Combien de gens n’a-t-on pas croisé qui connaissaient untel ou unetelle !
Et l’on a parfois fait se rencontrer des personnes qui se connaissaient déjà.
Notre ville est un village. Notre planète une maison commune et tous les
chemins mènent à Rome. Quant aux généalogistes – foi d’un cousin doué en la
matière –, ils vous offrent des parentèles insoupçonnées.
Chez
moi, ce sont surtout les maisons qui m’ont réservé des surprises. J’avais
remarqué un jour, depuis le parking d’un cinéma, la belle décoration d’une
fenêtre d’immeuble. Quelques mois plus tard, je sympathisais avec une nouvelle
collègue, laquelle m’invita à prendre le thé. Vous devinez la suite ! Ailleurs, c’est
une demeure de briques pleine de charme, aux accents de manoir anglais, qui
attirait mon regard chaque fois que je passais devant en voiture. Elle n’est
autre que la maison de la mère d’un cousin éloigné de mon mari ! Vous me
suivez ? Mais la médaille d’or revient à une habitation a priori
ordinaire et que nul ne remarquerait, sauf que mes yeux aiment à voir des
détails et mon esprit à construire des mondes. J’étais alors encore célibataire
et mes promenades en bord de Somme me faisaient passer devant cette maisonnée.
Des jouets d’enfants jonchaient la pelouse, deux nids d’oiseaux desséchés
gîtaient sur un appui de fenêtre. Une maison de gens heureux, m’étais-je dit. Et ces gens heureux devinrent, par mon mariage,
des cousins germains !
Le
clou de ma chronique n’est pas gros comme une maison car le hasard pourrait
presque passer par le chas d’une aiguille. Il ne tient qu’à un fil. Quand bien
même la plaine picarde est vaste. Vous êtes perdus ? Suivez d’abord un
professeur de mathématiques passionné d’archéologie qui mène chaque mercredi
après-midi des collégiens, nez au sol, fouiller dans la campagne picarde. Ils y
découvrent un jour une fibule cassée. Maigre butin. N’ont-ils pas déjà mis la
main sur une bague carolingienne ! Les années passent, d’autres
archéologues en herbe accompagnent notre professeur passionné. Et là… incroyable
mais vrai : ils découvrent un autre morceau de fibule ! La pièce est
reconstituée ! L’Histoire abolit les siècles et ne mesure parfois que
quelques centimètres. Complètement fou au regard de la taille du terrain de
fouille : un champ maints fois labouré. La fibule, qui relie les pans d’un
vêtement, ne symbolise-t-elle pas, en somme, ce que le hasard unit ?
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